Si la législation luxembourgeoise interdit la consommation de cannabis, plusieurs pays s’inspirent désormais des Pays-Bas et autorisent sa vente et sa consommation à usage récréatif, alors que d’autres la réservent à un usage thérapeutique. Dès lors, de nombreuses startups fleurissent : si certains business se contentent de vendre ou de produire leurs propres «seeds», d’autres misent sur la combinaison entre marijuana et technologie : la WeedTech.
Une nouvelle pousse fait son trou au coeur de la Silicon Valley. Depuis le 9 novembre 2016 et la légalisation de la marijuana récréative dans l’état de la Californie suite à un référendum, un véritable écosystème s’est développé et affiche un fort potentiel. Arcview Market Research révélait que le marché s’élevait à 6,7 milliards de dollars en 2016, et qu’il devrait atteindre les 21,8 milliards en 2020. Le style de vie californien ainsi que l’attrait de l’état pour la technologie et l’innovation en font le terrain de jeu idéal pour tous les entrepreneurs en herbe. Ainsi, l’an passé, 27% du chiffre d’affaires du secteur émanait de Cali.
Les stars plantent les premières graines
Forcément, cette législation attire des afficionados de cannabis tels que Snoop Dogg, Wiz Khalifa ou encore Curren$y, des rappeurs connus pour leur usage sur scène, en studio et dans leurs clips vidéos, aux quatre coins du monde – et ce peu importe si la loi nationale le permet ou non, ce qui leur a, au fil de leur carrière, causé quelques soucis… Aujourd’hui, ils peuvent clamer une nouvelle fois leur amour pour le chanvre, en toute légalité. Presque naturellement, « Snoop » fait figure de pionnier et a investi dans de nombreuses sociétés du genre, n’ayant pas toutes un côté tech ou digital, mais étant plus axées « produit ». On notera tout de même la création de la plateforme merryjane.com avec des blog posts d’experts, des vidéos et une section e-commerce. Method Man et Redman ont quant à eux misé sur l’app BlazeNow, permettant de localiser son revendeur. Pratique.
Entre plateformes digitales et comptes bancaires dédiés
Comme pour tout business que l’on pourrait qualifier de plus traditionnel, il est nécessaire de soigner sa base de données/clients, et de faciliter l’interaction avec ceux-ci. Baker Technologies, dont le siège se situe à Denver dans le Colorado – premier état ayant légalisé l’usage récréatif de cannabis -, se positionne comme le leader incontesté du CRM du secteur, soit le « Salesforce de la Weed », en quelque sorte. En novembre dernier, la société s’est emparée de son plus proche concurrent, Grassworks Digital, qui se positionne également comme partenaire marketing pour les revendeurs, avec la mise en place de solutions digitales.
Puis, aussi surprenant que cela puisse paraitre, le secteur du cannabis a également sa propre « FinTech », sobrement nommée Weed Pay : portails, software, et bien plus encore sont donc disponibles. Ainsi, cette FinTech estampillée cannabis se veut comme un véritable facilitateur dans la mise en place d’un compte en banque et de moyen(s) de paiements pour les sociétés qui souhaitent se lancer dans le business, car à l’heure actuelle, seules 3% des institutions financières présentes aux Etats-Unis sont autorisées à évoluer dans le secteur du cannabis.
Malgré ce nouvel engouement et la création de nombreuses startups – la plateforme LeafLink et sa marketplace, le « Uber de la marijuana » Eaze, l’équivalent de TripAdvisor Leafly, le spécialiste de l’analyse Steep Hill, MassRoots avec ses photos partagées en ligne ainsi que ses milliers de tutoriels vidéo, etc – la sphère WeedTech était la grande absente du CES (Consumer Electronic Show), organisé dans l’état du Nevada où la vente de cannabis à usage récréatif est également légale depuis le mois de juillet dernier. Il y a fort à parier que le « business en herbe » y sera représenté l’année prochaine.
Les effets médicaux également loués
Si de plus en plus d’états autorisent l’usage récréatif du cannabis de l’autre côté de l’Atlantique, le Vieux Continent se veut tolérant en matière d’usage médical, avec de nombreux pays qui légifèrent en sa faveur. L’an passé, ce sont notamment l’Allemagne et son voisin polonais qui ont opté pour la légalisation du cannabis thérapeutique, rejoignant ainsi l’Autriche, la Belgique, la Grande-Bretagne, la République tchèque, la Finlande, la France, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie, l’Espagne, la Croatie et la Macédoine. Les conditions d’utilisation, d’achat et de culture restent quant à elle bien entendu uniques à chaque pays. Le Grand-Duché, après plusieurs années de pétitions et discussions, semble également faire un pas vers cette dépénalisation en cas d’usage médical : les ministres réunis en conseil le 9 février dernier ont ainsi marqué leur accord avec le projet de règlement grand-ducal déterminant les modalités de prescription et d’accès à la consommation de cannabis à des fins médicales, ainsi que le contenu et la durée de la formation spéciale pour les médecins-spécialistes.
En Israël, on mise également sur un usage médical du cannabis et le gouvernement va jusqu’à financer ces initiatives, après avoir annoncé l’an passé son intention d’investir deux millions d’euros dans la recherche liée à la marijuana médicale, incitant ainsi les sociétés privées à se lancer dans de tels projets. C’est notamment le cas de Syqe Medical, qui propose un inhalateur intelligent réservé aux consommateurs de cannabis médical, leur permettant de doser précisément les quantités selon les prescriptions, et dont la solution est ouvertement soutenue par le Ministère de la Santé. Les investisseurs, tout comme le gouvernement israélien, ne se trompent pas : le marché mondial pourrait atteindre les 50 milliards de dollars en 2025.
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