Thomas Wilbois, Responsable Fleet / Vente Grandes Flottes au sein de Merbag (Mercedes-Benz Automobil AG), s’intéresse pour BEAST au développement de la mobilité durable au Grand-Duché, pays dans lequel plus de 90% des trajets comptent moins de 40 km. Il nous parle également de l’approche de Daimler en la matière, ainsi que du concept de « multimodalité ».
Le Luxembourg peut-il devenir un pionnier dans le développement d’une mobilité plus verte ? Quelles sont les autres initiatives que vous saluez notamment ?
Aujourd’hui, la question de l’autonomie ne se pose plus forcément pour les véhicules électriques au quotidien. Cette année, avec notre Mercedes-Benz EQC (consommation d’électricité en cycle mixte : 20,8 – 19,7 kWh/100 km ; émissions de CO2 en cycle mixte : 0 g/km), nous avons présenté le premier d’une génération entière de modèles électriques Mercedes offrant une autonomie jusqu’à 400 km. A côté des véhicules 100% électriques, Mercedes-Benz propose aussi un large choix de véhicules hybrides rechargeables permettant de parcourir jusqu’à 100 km en autonomie électrique.
Le Luxembourg doit aujourd’hui répondre aux mêmes problématiques de transport que les autres grandes métropoles. Pour répondre aux enjeux liés à la saturation des axes routiers, la modernisation des infrastructures et la pollution environnementale, une nouvelle stratégie orientée vers une mobilité durable se dessine au Luxembourg. En effet, plusieurs dispositifs ont été lancés pour favoriser une utilisation alternative de la voiture :
• Augmenter la part des déplacements en transports en commun et en mobilité douce pour réduire les émissions de CO2
• Développer des espaces Park+Ride (P+R) dans la périphérie de la ville pour ainsi permettre aux voyageurs frontaliers de transiter plus facilement entre leur véhicule individuel et les transports en commun
• Mettre en place des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques
• Promouvoir le covoiturage et fluidifier la circulation sur les autoroutes en heure de pointe à travers une plus grande flexibilité des horaires de travail jusqu’au télétravail
La tendance est à la « MaaS » – « Mobility as a Service » – offrant aux utilisateurs une plus grande flexibilité. Quelle place comptez-vous occuper dans cette nouvelle définition du transport des personnes et les nouveaux outils ?
La mobilité au quotidien peut être optimisée en faisant appel à plusieurs modes de transport successifs : c’est la multimodalité. Ce concept devrait également se développer davantage avec l’introduction de la gratuité dans les transports publics au Grand-Duché de Luxembourg, à partir de mars 2020, et visant à augmenter considérablement le nombre de passagers dans ces transports en commun.
De plus, l’autopartage ou « Car-sharing » offre aujourd’hui une formidable opportunité de croissance et consiste en l’augmentation du taux d’occupation moyen pour les déplacements domicile-travail, à travers le covoiturage. A ce propos, Mercedes-Benz va étendre son offre de Carsharing pour permettre l’accès à davantage de véhicules dans un plus grand nombre de villes dans le monde. Pour cela, les groupes BMW et Daimler AG ont associé leurs services de mobilité pour créer un nouvel acteur mondial offrant une mobilité urbaine durable à ses clients. La coopération comprend cinq coentreprises : REACH NOW pour les services multimodaux, CHARGE NOW pour recharger la voiture, FREE NOW pour la course en taxi, PARK NOW pour le stationnement et SHARE NOW pour le covoiturage.
Qu’en est-il de la data dans le secteur de la mobilité ? Comment cette tendance est-elle abordée au sein de Mercedes-Benz ?
La mobilité est en pleine révolution. Aujourd’hui, nous vivons nos déplacements autrement, nous sommes connectés en permanence, joignables à tout moment. Nous évoluons à l’ère du numérique. Dans le domaine de l’automobile, cette tendance remonte à loin. Les services de connectivité Mercedes me connect, proposés sur l’ensemble de la gamme, établissent le lien entre le véhicule et le conducteur.
Mais ce n’est pas tout : la voiture se fond désormais dans l’univers personnel de l’utilisateur. Cela se traduit non seulement par le sentiment rassurant d’être relié au monde en permanence, y compris pendant les trajets, mais aussi par un plus grand confort. Pour les clients professionnels, l’offre Connect Business permet aux gestionnaires de flotte d’utiliser les services de connectivité « Vehicle Logistics », « Driver Messaging » et « Digital Driver’s Log ». Cela signifie que les gestionnaires de flotte connaissent toujours la position actuelle de leurs véhicules, peuvent transmettre des informations à leurs conducteurs et peuvent utiliser le journal de bord électronique pour réaliser des économies significatives à la fois pour l’entreprise et ses employés.
L’Union Européenne impose, à compter du 1er janvier 2020, des quotas stricts de niveaux d’émission de CO2. Comment abordez-vous cette transformation ? Sur quels véhicules et motorisations allez-vous vous appuyer ?
Chez Mercedes, nous visons ce qu’il y a de mieux et nos clients attendent de nous une mobilité durable et fascinante. L’une des questions clés que nous abordons est la suivante : que faisons-nous pour que nos clients puissent passer à une mobilité neutre en carbone à l’avenir ? La réponse est notre « Ambition2039 » : notre objectif est d’avoir un parc de voitures particulières neuves neutres en carbone dans 20 ans. Soyons clairs sur ce que cela signifie pour le groupe Daimler : une transformation fondamentale de l’entreprise en moins de trois cycles de produit. La feuille de route est en place et les décisions stratégiques de mise en œuvre ont été prises.
L’ensemble du portefeuille de voitures Mercedes-Benz sera électrifié d’ici à 2022 – des smart aux grands SUV, en commençant par les modèles 48 volts et en passant par une large sélection de véhicules hybrides rechargeables à des véhicules tout électriques.
Et les modèles 100% électriques représenteront déjà entre 20 et 25% du total des ventes de voitures Mercedes-Benz d’ici 2025. En 2030, nous visons à ce que les modèles électriques représentent plus de la moitié de nos ventes de véhicules.
Nous continuerons à offrir à nos clients des véhicules premium et hautes performances qui sont la signature de notre marque. En même temps, nous souhaitons réduire considérablement les émissions de CO2 par véhicule. L’équipe de R&D du groupe Daimler coopère avec des partenaires établis et des start-up pour améliorer les performances des véhicules électriques et réduire les coûts. Notre approche inclut également le développement continu de nos services de mobilité, afin de généraliser l’utilisation de modèles électriques. A côté des voitures, nous électrifions également nos fourgonnettes, camions et autobus. Et le développement modulaire permet le transfert rapide de technologie entre nos divisions. Nous nous concentrons actuellement sur la mobilité électrique sur batterie. Mais il y a aussi de la marge et il faut continuer à travailler sur d’autres solutions, par exemple la pile à combustible ou les E-Fuels. Notre GLC F-CELL (consommation d’hydrogène en cycle mixte : 0,34 kg/100 km, émissions de CO2 en cycle mixte : 0 g/km, consommation d’énergie en cycle mixte : 13,7 kWh/100 km) en est un bel exemple. Cette technologie sera également utilisée dans nos autobus urbains. Aujourd’hui, personne ne sait avec certitude quel mélange de transmission répondra le mieux aux besoins de nos clients dans 20 ans. C’est pourquoi nous encourageons les responsables politiques à ouvrir la voie vers la neutralité technologique : fixons l’objectif, mais non les moyens de l’atteindre.