Dans un contexte de guerre des talents, qui frappe de plein fouet les sociétés à la recherche de profils IT bien spécifique, et face à une menace cyber qui ne cesse de grandir, une multitude de formations spécialisées dans les domaines digitaux fleurissent. Qu’elles soient rattachées aux universités, aux institutions ou même à des sociétés privées, elles sont plébiscitées par les étudiants passionnés de tech et de coding. Urban BEAST s’est intéressé au phénomène, qui à l’image des écoles de commerce, se développe à vitesse grand V, en s’inspirant parfois fortement du modèle MIT (Massachusetts Institute of Technology).

Le Luxembourg forme au digital

Au Grand-Duché, c’est dès l’école primaire que certains enfants sont initiés à la technologie et notamment au développement, via l’initiative Code Club, portée par l’association BEE CREATIVE. Coordonnée par le Service National de la Jeunesse, celle-ci vise à permettre aux jeunes de « créer » à l’aide des outils techniques et des nouveaux médias. Comme l’expliquait récemment Pascal Steichen, CEO de SECURITYMADEIN.LU et expert en cybersécurité, « avec le programme BEE SECURE, ce sont plus de 15 000 étudiants qui sont sensibilisés chaque année dès leur plus jeune âge, aux principaux enjeux de la cybersécurité ». Le Luxembourg fait aujourd’hui figure de pionnier dans le développement du digital.

Destinée aux plus âgés, la Luxembourg Tech School – ou LTS – a quant à elle vu le jour en septembre 2016 avec un premier projet pilote réunissant une trentaine de lycéens. Le succès est immédiat pour un programme visant à favoriser le développement des futurs leaders digitaux du pays, désormais disponible dans 7 écoles, et suivi par plus de 120 jeunes étudiants. Le niveau 1 est composé notamment de cours de développement de jeux vidéo, de développement mobile, d’initiation au Machine Learning, Cloud Computing, puis des sessions axées sur le design et l’expérience utilisateur, les technologies financières, ou encore sur la Blockchain. Et pour aller encore plus loin dans la formation, la LTS ambitionne désormais de former ses jeunes talents à l’Intelligence Artificielle appliquée à la finance ou encore à l’exploitation des ressources spatiales. Pour le Luxembourg, sky’s the limit.

De plus, des initiatives extra-scolaires dont le but est de promouvoir l’innovation et la technologie font surface au Grand-Duché depuis maintenant quelques années. C’est notamment le cas de la Morpheus Cup, organisée depuis 2015 et rassemblant plusieurs centaines d’étudiants européens. La mission avouée de cette journée de challenges ? Donner l’occasion aux talents de convaincre leurs potentiels futurs employeurs, qui eux, sont à la recherche de profils IT bien spécifiques. Ainsi, lors d’une journée, ces étudiants ou jeunes diplômés planchent sur des épreuves tech, afin de (ré)inventer le futur technologique de secteurs tels que la finance, la mobilité ou encore la santé, en proposant des solutions innovantes et révolutionnaires. La prochaine édition se déroulera le 22 mai prochain, en parallèle d’ICT Spring.

Pour les plus geeks et pour façonner son avenir

Aux quatre coins du monde, et à l’image du MIT, de nombreux cursus dédiés aux sciences technologies sont désormais proposés aux plus férus d’innovation, lorsque vient de temps d’intégrer l’université. A quelques centaines de kilomètres du Luxembourg, à Nancy, Epitech propose un programme Global Tech avec une approche pragmatique et spécialisée autour de deux grandes orientations : système, réseaux et sécurité d’une part, développement d’applications logicielles de l’autre. Toujours en France, comment ne pas citer l’école devenue en quelques années le graal pour tout geek qui se respecte : 42. L’école fondée par l’entrepreneur français Xavier Niel – accompagné de Florian Bucher, Nicolas Sadirac et Kwame Yamgnane – se définie comme « la première formation en informatique entièrement gratuite, ouverte à tous et accessible aux 18-30 ans ». Celle-ci mise sur la pédagogie du peerto- peer learning : un fonctionnement participatif qui permet aux étudiants de libérer toute leur créativité grâce à l’apprentissage par projets. 42 vise ainsi à garantir aux jeunes un emploi et doter les entreprises du numérique au sens large, grands groupes comme jeunes entreprises innovantes ou encore startups, des talents dont elles ont besoin.

La technologie et le développement de nouvelles compétences IT sont également à l’agenda des écoles de reconversion, comme le prouve la création récente d’une promotion dédiée à l’Intelligence Artificielle au sein de l’école Microsoft basée à Issy-les-Moulineaux, dans la région parisienne. Depuis mars dernier, 24 talents, âgés de 19 à 39 ans suivent une formation intensive de 7 mois puis seront accueillis 12 mois en contrat de professionnalisation, au sein d’entreprises partenaires et parties-prenantes de ce projet. Selon Carlo Purassanta, le CEO de Microsoft France, « si nous voulons désormais accélérer le développement de projets d’intelligence artificielle concrets dans les entreprises, nous devons former des artisans de l’IA. Les 24 apprenants bénéficient ainsi d’une formation opérationnelle leur garantissant un retour à l’emploi dans un secteur plein d’avenir. Parallèlement, nos partenaires pourront s’appuyer sur ces techniciens de l’IA pour développer de nouveaux projets enthousiasmants ». Microsoft n’est pas étranger à ce type d’initiatives, et, il y a 10 ans déjà, accompagnait les jeunes dans un projet pilote qui a mené à la création de la Web@cadémie, visant à rendre accessibles les métiers du web développement aux personnes sans diplômes.

Des nouvelles générations bénéficiant désormais de cours d’initiation dès leur plus jeune âge, aux lycéens entrant dans le vif du sujet avec un large panel de cours allant des technologies financières à la blockchain, en passant par des « écoles de la seconde chance » financées et gérées par les géants du web ou encore par les écoles spécialisées post-bac, la tech fait partie intégrante des cursus scolaires. En parallèle, on remarque aujourd’hui un intérêt grandissant pour les startups de l’EdTech, qui comme leur nom l’indique, développent des technologies liées à l’éducation. A la fin du mois d’octobre, le leader de la vidéo en ligne, YouTube, vient d’annoncer avoir investi 20 millions de dollars afin de soutenir les créateurs et les organisations spécialisés qui créent et organisent des contenus éducatifs de qualité sur la plateforme. Qu’ils sont loin les cours d’informatiques qui étaient dispensés il y a une dizaine d’années, aux niveaux primaires ou secondaires, à l’heure où les modems 56k nous permettaient de « surfer sur le net » pendant une petite cinquantaine d’heures uniquement…